Un (re)tour

Sujet: Un (re)tour Dim 07 Juin 2009, 1:21 am

La grotte se situait non loin de la cité vampire. Le silence surnaturel qui régnait aux alentours témoignait de cette proximité. Les proies ont toujours craint les chasseurs. L’immense désert qui s’étalait au pied du grand monticule n’était également pas propice à la vie, et seule la route d’asphalte qui serpentait entre les arbres rabougrit dénonçait une antique présence humaine. De temps en temps, un charognard malingre occultait la lumière solaire laissant une ombre fugace trainer sur le sol de pierre et de sable. Le vent, par souvent trop rare ou trop courant, poussait doucement des débris léger sur de long kilomètres, créant ainsi des nuées de papillons en papiers délavés.
La butte en elle-même était comme une pointe de pierre épaisse émergeant du sol. Quelques oiseaux au plumage noir y avaient trouvé refuge face aux ravages du soleil de midi. De nombreux débris jonchaient le sol ; leur forme cubique, largement usée par le temps et les intempéries, sous-entendait de l’abri une origine artificielle.
Un simple rideau couvrait l’entrée. Il était assez épais et cachait entièrement l’ouverture. Visiblement usé, il ne semblait pas avoir été en prise avec les vents violents qui balayaient souvent la plaine déserte. Il devait donc avoir été posé que très récemment.
Un rideau rouge.

*

La nuit était tombée depuis quelques heures lorsqu’une main souleva la tenture écarlate. Sous la lumière blafarde d’une lune en croissant, une silhouette émergea de la caverne. Une cape brune à capuche cachait les traits de l’individu. Seules des bottes noires, aux boucles oxydées, échappaient au camouflage ; et elles n’étaient clairement pas faites pour le voyage, leur semelle étant bien trop fine. La main qui avait relevée le rideau et qui alors s’attachait à la détacher de son support était gantée. Le gant, d’un cuir plutôt clair, remontait jusqu’au coude de l’homme. Lorsque la cape sombre, puisque s’en était une, fut libéré de l’étreinte des quelques poinçons qui la maintenaient il la plia prestement pour la ranger dans le sac à bandoulière qui était posé sur le sol.
L’ombre se releva alors, chargée. Elle leva un instant son visage vers l’astre nocturne révélant une peau d’une pâleur morbide, sensation renforcée par lumière argentée. Comme honteuse, elle replongea sa face dans les ténèbres de la capuche.
Le dos un peu penché, l’individu se mis en direction de la route. Ce n’est qu’une fois sur celle-ci qu’il se redressa visage vers la cité nocturne. Il prit alors un rythme soutenu soulevant un petit nuage de poussière sur ses pas.

« Ce soir… »

Les pensées se succédaient confusément dans son esprit. Un étrange sentiment dominait toutefois. Il ressentait un intense bonheur à l’idée de finir son voyage, mais également une peur profonde. Cette terrible angoisse le rongeait douloureusement ; il craignait leurs regards autant qu’ils les attendaient.
Alors qu’il dépassait des carcasses d’acier, il se prit à laisser vagabonder son esprit parmi les bribes du temps. Montagnes, château, mort, rue, palais, mort…
A ces pensées il ralenti un peu, mais l’image d’une autre ombre, une ombre d’argent et de cuir portée par un disque blanc, s’imposa à son esprit.

« Oui, j’avance, marmonna-t-il »

*

La lune était bien haute lorsqu’il atteignit les murs des quartiers extérieurs. Ses pieds quittèrent alors le béton granuleux pour se poser sur un sol pavé. Les talons de ses bottes claquaient assez brutalement sur la pierre polie. Il ralentit alors son pas.
Ce domaine était celui des plus dangereux prédateurs de ce monde. La prudence et la peur avait fait se réfugier la quasi-totalité des humains de ce quartier dans leur foyer. Il n’était pas bon pour ceux-ci de s’aventurer à ces heures-ci dans les rues chichement éclairées.
Prudemment, l’inconnu se rapprocha des trottoirs. Il ne fallait pas provoquer les habitants de ces lieux. Il ne savait pas où il était et se retrouver seul au milieu d’une horde de chiroptères belliqueux ne l’enchantait guère.
Un gargouillis dans une rue voisine le mis aussitôt aux abois. Une dague à la lame longue trouva sa place dans sa main droite. Discrètement, il se mit en position face à la ruelle. Il souffla lorsqu’il ne vit qu’une situation si familière. Un vampire drainait lentement le liquide vital d’un mendiant en haillons.
Un moucheron,songea l’ombre avant de s’avancer discrètement du jeune buveur de sang. Il ne pouvait se permettre de laisser un témoin de sa présence avant d’être en lieu sûr. Il se plaça alors derrière sa victime qu’il égorgea d’un geste fluide, et très professionnel.
Bonne nuit.
Le vampire chût mollement, emportant sa proie avec lui. Il se réveillerait surement un peu avant l’aube, et le sang de l’humain, maintenant trop affaiblit par la saignée, lui permettrait de retrouver sans peine le chemin de sa tanière. Avant de continuer son chemin, l’ombre essuya sa lame sur le corps inerte et la rangea dans un fourreau situé sur sa boucle de ceinture. Ce faisant, il révéla la présence d’une arme à feu sur son flanc.
Il avança d’un pas plus assuré. Il avait fait passer un message à ceux qui l’observaient : il n’était pas une proie. Il se mit alors en quête d’une forteresse parmi la quantité qui dépassait les toits.
Lorsqu’il l’eu enfin trouvée, il s’orienta dans sa direction.

« Bientôt… »

*

L’arche de sang, qui marquait l’entrée du domaine shield se tenait devant la silhouette encapuchonnée. Sa pierre rouge était constellée de nombreuses runes d’un rouge plus sombre qui semblaient s’écouler dans un sol très argileux. Les pavés avaient en effet laissés place à une terre sanguinolente qui venait tâcher les bottes de l’inconnu.
Il ralentit petit à petit à l’approche des hautes murailles écarlates, jusqu’à s’arrêter devant les portes de bois solide. Il porta alors ses mains gantées à son visage pour rabattre sa capuche.
Une longue chevelure rouge s’échappa alors, en prise au vent. La face révélée était d’une teinte blafarde, comme vidée de son sang. Le visage était long et étroit, marqué par une courte barbe qui finissait son menton en une pointe noire. Des cheveux d’une teinte claire à leur racine et s’assombrissant jusqu’au noir en leur pointe, balayait un masque d’impassibilité.
Ses paupières se levèrent sur deux orbes de ténèbres sans pupille. Il était impossible de déterminer où il regardait exactement. Il les leva cependant vers la lune.

« Suis-je arrivé, ma Dame ? »

Sujet: Re: Un (re)tour Mer 17 Juin 2009, 3:44 pm

Elle sauta souplement à bas de la muraille, inspecta les alentours puis écarta de l'index la mèche sombre qui était venue obstruer sa vision. La ville n'avait pas changé et ne changerait guère durant les prochaines décennies. La majorité des modifications s'étaient achevées, le reste s'accomplirait à des niveaux moins visibles. Cependant, elle qui s'avouait particulièrement intéressée par la mentalité des habitants de ce monde étrange, ne pouvait s'empêcher de déceler non un déclin, mais une profonde transition.
Impossible de se l'expliquer, ou même de soupçonner une origine, cela ne tenait qu'à ce sixième sens que la jeune femme avait développé durant sa vie d'humaine. Tout était question de sensibilité...là résidait la raison de son voyage. Plus précisément, l'une des raisons, car, il ne fallait pas mentir, c'était plutôt dans l'attente de revoir certaines personnes qu'elle venait. Rêveuse, elle songea que les avoir rencontrés sur le champ de bataille avait été une occasion providentielle...

Néanmoins, cela n'empêchait pas que Thelys n'était pas seule ici. Attentive aux sons et aux souffles provenant des diverses rues, elle se mit à avancer. Les repères revenaient au fur et à mesure, affluaient des tréfonds de ses souvenirs. Elle tourna sans hésitation à droite et se pétrifia.
Voici ce que cela donnait lorsque l'on emmêlait les domaines. La vampire se réconforta en reconnaissant un itinéraire habituel, dont elle savait qu'elle passait par un jardin, avant de déboucher sur le boulevard principal de la cité. Elle s'y engagea donc, marchant d'une allure sereine, profitant de l'architecture caractéristiques de ces temps décadents.Au vu de ces décors, les indigènes n'appréhendaient pas tous de la même façon cette notion de déclin. Des balcons en fer forgé regorgeant de volutes, de rares mais présentes statues de style baroque. Certaines portes dégoulinaient de rococo tandis que d'autres porches arboraient, eux, des monceaux d'ordures vieilles de trois jours, voire plus. Le seul avantage, si l'on pouvait le qualifier ainsi, était la mixité des genres. Pas de quartier entièrement dépouillé, ou trop orné...

Un panneau signalait l'entrée du plan de verdure. Comme de juste, le portillon était verrouillé, ce qui ne produisit chez Thelys qu'un simple soupir. Il ne venait absolument pas à l'esprit des gens que les créatures de la nuit aussi pouvaient apprécier les fleurs et les arbres. Non, ils n'aimaient que les cimetières et le poison. Les préjugés ne manquaient pas.
D'un enjambement fluide, elle entra dans le parc et y flâna. Un banc placé au bord d'un parterre se montrait très accueillant, la jeune femme s'empressa de faire honneur à son hospitalité, heureuse de pouvoir prendre le temps de contempler la nuit.

"Il y avait dans l'air comme le goût d'une réminiscence, une idée de retour. Une volonté de partage, l'envie de revoir, de dérouler à nouveau les fils de l'histoire. Et du rouge...une teinte écarlate en harmonie avec la pureté argentée de la Dame du ciel nocturne..."

En tournant la tête, elle parvenait à discerner son aura, presque à entrevoir sa silhouette. Le Prince.

Sujet: Re: Un (re)tour Mer 17 Juin 2009, 8:27 pm

[HRP] désolé... mais content de te revoir Smile

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