amis du soirs bonsoir,

De loin elle vit le manoir qui tenait encore debout après tant de temps. Elle savait que c’était là qu’elle devait aller, c’était presque dans ses tripes. Il y avait une belle lumière qui émanait de cette immense demeure, on y sentait dès l’extérieur une espèce d’ambiance fondamentalement différente des autres lieux. Elle prit la direction de l’allée principale, il faisait frais, la nuit était belle comme toujours. Sa cape grise volait au vent, la capuche rabattue laissait échapper quelques mèches brunes. Elle frappa à la porte, rien n’avait changé depuis tout ce temps, mis à part ses expériences, elle avait acquis des traces de fatigues dues à l’errance et ce refuge lui paraissait être le plus doux qu’elle ait connu. Pendant l’attente elle espérait qu’il restât quelques fous qu’elle y avait rencontrés, mais la porte ne s’ouvrit pas. Elle voyait pourtant des gens aux fenêtres, de nouveaux visages. Elle recula d’un pas et hurla :
« Shield je viens en amie, elle posa son ceinturon à terre, je cherche un lieu de paix pour quelques temps. J’ai beaucoup perdu, mais je reste un allié. Ouvrez per favor. »
La grande porte ouvragée s’ouvrit, elle reprit ses armes qu’elle posa dès son entrée. De nombreux nouveaux visages mais quelques vieux fous qu’elle prit de suite dans ses bras. On lui proposa un verre qu’elle ne put refuser et alluma une cigarette
« on peut toujours fumer ici ?! voilà que cela fait un moment que je ne suis pas venue errer par ici, j’ai vu de la lumière… comme vous le voyez j’ai l’air d’un vieux chien galeux, on m’a même tiré mes armes, il ne me reste que deux vieux couteau, mais dentés et cristallins ! Pour le reste j’ai rien d’autre offrir que la promesse de ma loyauté, mon respect et quelques fêlures psychiques que vous rencontrerez plus tard, donc si vous voulez bien de moi, même un placard pourra faire office de piaule. Merci en tous les cas de votre accueille. »
La jeune femme au visage grave et au sourire facile s’affala dans un des grands fauteuils vert bouteille, fixant le feu, puis reprit son discourt.
« Cela fait tant de temps que je ne suis pas venue, partie en voleuse comme toujours, mais vous m’acceptez, est-ce que je le mérite vraiment ? la petite raja que certains ont connus à peut-être un peu changée. J’ai bougé erré avec la lune et mes souvenirs pour seuls compères, des présences rassurantes. Je n’ai pas de passif aussi beau que celui de tant d’autres, non, mon seul signe particulier est une envie de survivre dans ce non-monde fait de froid et de pluie. Il me reste une dague, celle que je n’ai pas quittée depuis le début de mon errance. Elle sortit une arme blanche faite d’un métal précieux ornée sur la garde de quelques signes qui la résument encore un peu, elle joua avec la pointe pendant un temps. Si je devais prendre le discourt de ma présentation il ferrait suite à mon arrivée ici. Si vous voulez une partie de la présentation allez vers les archives, les toutes vielles vous devriez trouver mon dossier, entre la poussière et les rongeurs. C’est dans ce lieux que j’ai découvert des êtres tous aussi fêlés les uns que les autres, des noms qui pour les nouveaux ne signifient rien (darky, thelys, nem, muad, le allon, canadre, lath’ and co), même si je vois Darky à la fenêtre, et quelques anciens dans l’assemblée. Cela me fait plaisir de les voir, et rencontrer les nouveaux venus me touche aussi. Je ne garantit pas de la longueur de mon repos ici, je vous préviens. La route fut longue et froide. J’ai volé, tué, et fais quelques conneries. Cependant durant tout ce temps il me manquait un je-ne-sais-quoi, j’ai marché, continuant ma route. Mais je ne savais où j’allais, le nord le sud peu m’importait, il fallait que je bouge, éviter de trop penser. Puis j’ai vu des êtres se battre tous ensembles, j’ai assisté à ces combats de loin, et à chaque fois j’avais un pincement dans ce qu’il me restait de cœur. Je le refoulais, mais plus ça allait plus ça m’obsédais. Même dans les tavernes ou je me posais pour un verre et une clope je les voyais buvant tous ensembles, riants. J’en venais à les haïr, je sais que c’était absurde, mais je ne pouvais me contrôler. Puis j’ai retrouvé un compagnon de route que je n’avais jamais vraiment quitté, Mr, schlack oui toi le ventre à pattes !! j’ai retrouvé un fond de paix. Il est venu vers vous, et après quelques temps où je me suis de nouveau retrouvée vide, j’ai admis que c’était une famille dont j’avais besoin. Quoi de mieux que vous. Alors me voilà ici. Bonjour, je m’appelle raja et pour le moment c’est déjà pas mal."

Telle une ombre rampant dans les ténèbres, sans être vue ni entendue.
Tel un ange obscur qui ne porte qu'avec lui le silence absolu.
Il fut un temps ou tout ceci n'avait de valeur que pour massacrer, mutiler, égorger, dépecer.
Mais les temps changent, et les choses qui furent autrefois des hommes également.

Je ne saurais donner un nom à ce que j'ai ressenti ce soir là.
Était-ce de la déception ou de simples palpitations ? Non, ce n'était pas aussi doux...
De la colère peut être. Un mélange d'envie, d'impatience et de désir, sachant que je ne toucherais jamais au but.
Aujourd'hui encore il m'arrive de m'inquiéter. Et si cette vie n'était qu'un simple cauchemar ?
J'avais le sentiment que malgré mes efforts, je ne parviendrais jamais à me retrouver.

Selon certains, le temps se répète, les êtres répètent à peu prêt les mêmes erreurs qu'ils commettent toujours ;
ils vivent au jour le jour et se laissent aller à leurs appétit et désirs, convaincus que leurs actes ne représentent rien
et n'ont aucun influence sur l'ordre des mondes. Rien ne saurai s'éloigner d'avantage de la réalité.
Le moindre geste, même infime, oriente le monde vers un autre devenir ; l'accumulation de tels choix,
apparemment sans importance, peu le changer. La mort d'un seul être peu modifier l'avenir, sa survie l'entraîner sur un
sentier totalement imprévu.

________________________________________________

La neige avait recouvert la quasi-totalité du paysage, laissant le décor naturel en proie à une couleur laiteuse maladive
pendant que le ciel reflétait une myriade de gris tantôt faisant penser à la fumée d’une cigarette, tantôt à un nuage
qu’aurait laissé la combustion d’un monticule de pneus. La poudreuse tenait bon, ce qui contrastait totalement avec la
chaleur presque insoutenable qui flottait par ce temps couvert, à moins que ce fût son imagination qui lui jouait des tours.
A vrai dire il ne savait pas si c’était le silence absolu qui régnait dans ce triste décor ou les noirs cieux contrastant avec le
pâle de la neige qui le troublaient le plus. Que dire, si ce n’est que l’état dans lequel il était ce soir là le donnait en proie à
toute sorte d’observations et d’hallucinations qui d’un autre point de vue auraient semblé totalement stériles.
Cela devait faire trois jours qu'il airait dans cette froide farine, trois jours qu'il ne s’était pas arrêté rien que pour reprendre son souffle.
La faim et la soif le fuyaient comme la peste, le sommeil aussi mais ça… depuis des années, à croire que la douce mélancolie qui le
berçait avait quelques effets bénéfiques, à moins qu’elle ne le courut à sa perte.

Aurais-je enfin retrouvé ma conscience ; ou est-ce un simple effet de fatigue ?

C'est alors que plongé au fin fond de ses tortures qu'il le reconnu. Cet immense manoir, sombre comme les abîmes.
Ce même bâtiment où il avait trouvé refuge il y a bien des années lors de sa folie autodestructrice.
Plus il avançait, et plus son corps devenait lourd - il était bien loin le temps ou l'ombre le transportait telle une plume dans un torrent.
Les flambeaux étaient toujours allumés, et la salle commune semblait toujours aussi peuplée et animée.
Doux souvenirs et tristes sorts revenaient soudain le hanter, tel un retour aux sources brutal et sans appel.
Il s'approcha doucement de la fenêtre et resta là, tapis dans l'ombre à observer ces visages, certains familiers, d'autres totalement inconnus.

Une brève flamme dans la noirceur de la nuit. Une volute de fumée éphémère, emportées à tout jamais par la brise dans ce décor glacial.
Cigarette à la bouche il se souvenait petit à petit.

Ces idiots ont dû vider ma cave.


________________
Listening : Build That Wall - Bastion OST.

La jeune femme se leva lentement, achevant son verre d’un alcool fort à la couleur ambrée. Elle releva le col de sa veste, cachant ainsi la moitié de son visage. Durant ce geste elle vit se superposer l’assemblée de ce jour nouveau avec les images et les visages passés, apercevant des êtres qu’elle avait côtoyé avec un plaisir non dissimulé, des rires, des sourires et quelques joutes. Cela lui fit autant de bien que de mal, une douleur au crâne. La nostalgie des gens passés, des êtres, de ce qu’elle était à ce moment, jeune, insouciante se pensant indestructible. Elle vit les silhouettes des « filles de la Dame » comme disait l’autre, ces robes sombres portées à merveille sur des corps superbes, dont l’esprit à la hauteur de la beauté des parements. Ce n’était en rien de la façade, non ce n’était que la juste représentation des propriétaires qui avaient été tant adorés. Elle se souvint des barbus, qui avaient une décente d’alcool et de parole assez effrénée, de ces seigneurs qui sous certains côtés rustres n’était que délicatesse et élégance. Elle prit un verre, dans lequel elle versa le même breuvage, elle alla vers la fenêtre, et ouvrit cette dernière. De l’intérieur on voyait encore le froid, elle s’était réchauffée, mais cela lui vola un frisson. La nuit était claire, mais inquiétante. Elle tendit le verre et dit d’une voix douce qui laissait imaginer un sourire :

Rentres tu vas attraper encore la mort !

Le verre fut saisi avec une certaine vitesse et frénésie, elle saisit alors l’épaule d’un vieux compère, trempé et froid.

En laissant sa main sur l’épaule de son ami, la petite raja vit au loin une forme. A travers les volutes bleues de sa cigarette elle la devina une personne qu’elle avait connue il y a bien longtemps. Elle fit un signe un tête à la personne, la princesse. La belle robe noir, sur une pâleur sublime. Elle espérât longuement que la Princesse se joigne à eux, et fit entrer de force le compagnon insomniaque.

Raja avait entendu le rafus depuis la maison principale. Elle s’était précipitée à la taverne. A peine était-elle entrée dans la salle suivie de Mr. Darky, qu’elle récupéra la princesse dans ses bras. Par chance la coquetterie de ses pieds n’était pas son truc et ses bottes la portaient suffisamment pour ne pas laisser choir la princesse une seconde fois.
Elle stabilisa la jeune femme sur ses jolies petites pattes, avant de s’avancer d’un pas assuré vers le troll. Elle se permit une petite gifle « et toi t’as de l’humour peut être ? on ne fait pas peur aux Dames, et encore moins à une princesse, t’es pas croyable !». Histoire de détendre l’atmosphère elle offrit la tournée générale, ce qui n’avait pas l’air de déplaire l’ensemble de ses compagnons, « au bon vieux temps. Maintenant que nous sommes réunis qui a une histoire à raconter, car moi, là je suis à sec et à tout point de vue. » Dit-elle en riant. La taverne était comme toutes les tavernes, puant l’alcool, enfumée par diverses choses qui se fumaient et assez sombres, mais c’était en endroit habituel et presque idéal pour des barges comme eux.

la petite raja s'affala dans un des gros fauteuils en cuir, qui devait aussi vieux que les possesseurs de la taverne autant dire, pas tout jeune. elle tendis une cigarette à Darky, et s'en alluma une, elle fixa longuement les volutes bleues s’évanouir dans l’épaisse fumée de l'ambiance. elle porta un verre à ses levres, et dis d'un ton calme :

"ainsi nous nous retrouvons, Thelys, la princesse, Schlack le troll, et Darky le seigneur déviant, il en manque quelqu'uns à l'appel, mais soyons patients ils viendront peut-être qui sait; même Katan' le chef ou echté si il se perd. j'aurait bien écouté leurs histoires, ça fait si longtemps. mais puisque les langues ne sont pas encore déliées c'est à mon tour de raconter une histoire."

elle tendis le bras pour attraper son verre:

"Tout ce conte, est une histoire que les aèdes nocturnes racontent quand leur outre est pleine, et eux aussi. est elle vraie ou non je l'ignore, mythes, réalité, ici cela n'a pas d'importance.

c'était un jeune homme, il était somme tout lambda, d'un physique quelconque, mais d'une intelligence certaine, il nous faut toujours un héros. il n'avait aucun signe distinctif hormis une marque noir sur le bras, un rond épais à l'intérieur du coude. il ne se battait pas, ou presque jamais, fuyant la violence, comme il avait fuit la peste quelques années auparavant. il avait une vingtaine d'années, mais son visage étais marqué par l’errance et la fatigue, sa lassitude se lisait sur son visage, dans ses yeux, qu'il avait d'un gris sombre. il n’éprouvait aucune joie, aucune peur, aucun regrets. il était comme on dit, mort dès sa jeunesse. de ses parents il n'avait aucuns souvenirs, on disait, comme pour aller avec la légende, qu'il venait d'un royaume lointain et prospère, qui avait été ravagé par la maladie. il est cependant plus probable qu'il vienne d'une famille aisée, qu'il avait quitté pour une quelconque raison. nous le savons, quand on l'a entendu parler, un langage choisi, dans ses manières aussi, élégants. bien élevé, bien né. il avait aussi une culture certaine, un sens de l'analyse pointu et un rapport au monde plus que singulier.
mais le jeune homme n'était pas carriériste comme on l'avait désiré pour lui, il ne voulait en rien être un seigneur à la botte d'un autre, non il ne voulait être personne, juste un homme qui marche pour comprendre l'absurdité du monde. il vivait de voles, et des quelques fois où il louait ses bras. cela lui allait. il portait toujours une cape vert olive, qu'il fermait d'un lien noir, c'était son seul bien, ça et son épée.

le monde des hommes l'importait peu. pourtant ce monde il le refusait. la guerre, la mort, la manipulation tout été voué à la destruction la plus total. vivre pour mieux donner sa peau à un type qui la rendra si tôt le vole commit. il se sentait dépassé par tout ça. il n'avait pas pour but de faire changer le monde, il était individualiste, odieux mais s'en moquait, il était seul alors qu'importaient ses caprices. ça ne changerai rien qu'il veuille boire ton son saoul, ou manger à sa faim, passer sa nuit seul ou avec une compagnie douteuse. mais il écrivait, tout et n'importe quoi, comme pour ne pas oublier à quel point le monde faisait horreur, et il en avait des choses à dire.

une nuit où il dormait dans une taverne comme celle-ci, comme toutes les autres finalement il fut surprit par un rêve. ce n'était pas le rêve en lui même qui le troublât, c'était le simple fait d'avoir rêvé. des années que les songes n'était pas venu le veiller. il se réveilla en sueur, des mèches brunes tombant sur ses yeux troublant encore plus sa vue. au travers de sa chevelure, les ombres était encore plus effrayantes qu'en temps normal. il se prit d'une frénésie d'écrire, il prit son calepin de cuir noir, mais il n'y avait plus un mot. rien.
il avait perdu son monde. il s'était perdu.

il fut prit d'une crise de délire, tant et si bien qu'il réveilla la taverne entière, avant que la nuit ait finit sa course. il fut jeté dehors, roué de coups, d'insultes et autres choses.
il reprit alors le chemin inverse. retournant vers un terre qu'il avait quitté il y a longtemps. tout avait changé. les choses n'était pas plus belles, pas moins moches, les hommes n'était pas devenu des êtres bons et justes, toujours sales, violents et méchants. néanmoins sa vue elle avait changée. d'une teinte de gris c'était plus clair, les couleurs étaient timides mais elles étaient là.
il ne sut que faire, que penser, il parlait aux humbles, louant toujours ses bras, ne cessant pas de voler pour manger.

je vous ai dit plus tôt qu'il avait fui la peste, c'est vrai, il retourna donc à la cité centre. sans joie, mais la peste était partie. le village était mort, lui recommençait à vivre.

mais par honte, par peur, de la fin de sous repères, il se jeta de la plus haute falaise après avoir vu son dernier ou plutôt premier levé de Lune.

il ne pouvait être lui, il ne pouvait plus être personne."

l'aede improvisé sombra dans le silence après s'être excusé face à ses amis, de la mediocrité de l'histoire et de sa tristesse. mais ajouta au bout d'un long moment.

"il a abandonné, il a cessé de se battre, les tenebres l'ont avalé. pour ma part, après ma perte de reperes j'ai lutté, j ai vecut, le monde "tait toujours aussi laid mais je vous avais rencontré. j'avais appris à aimer."

[HRP : pardon pour les fautes, je l ai ecrit d une traite et la flemme de le relire, maintenant ça pique les yeux]

L'ombre restait là, au coin le plus sombre de la pièce, à écouter le gens. Il était à la fois abasourdit par l'élan de fraternité qui émanait de ces retrouvailles et perdu dans ses sombres pensées.
Le temps s'était semble-t-il figé jusque là ou remonte ses derniers souvenirs, comme si rien n'avait changé. Ni ces anciens frères et sœurs d'armes, ni même les lieux ne semblaient avoir changer, à quelques exceptions prêts.
Tout ces rires et fracas de verres transperçaient sa capuche comme une vague insoutenable d'émotions vives, chose qu'il avait toujours du mal a comprendre et assimiler malgré ces années passées à retrouver son âme. Peut être était-elle morte, ou n'en avait-il jamais eu.
Qui peut dire ce qu'une âme est sensée contenir ? Doit-elle toujours être faites de bons sentiments ?

Ses questions furent stoppées net lorsque la plus jeune de ses consœurs prit alors la paroles, contant une histoire qui a ses yeux aurait pu paraitre banale. Mais bien que son cœurs fut resté noir toutes ces années, un sentiment étrange l'assaillit.
Vode resta là, à écouter avec cette terrible douleur en tête, la fumée de sa cigarette voilant le peu de visage livide et sans vie visible sous sa capuche, serrant les poings sur ses sabres - amis de toujours - qui n'avaient toutefois pas donné signe de vie depuis de nombreuses lunes.
Tout prit un degré d'activité supérieur. Il pouvait entendre le craquement du givre sur les tuiles d'ardoise de la taverne, le bruissement des brins d'herbes sous le vent rugissant et voir la moindre particule de poussière virevoltant dans cette salle agitée. tout devenait insoutenable et pourtant son esprit de pouvait décrocher de cette histoire, chaque mot, chaque mouvement de la jeune Raja était imprégné dans son esprit avec une telle force que l'on aurait pu croire qu'un titan lui enfonçait un marteau dans le crâne.

Il tenta de rester calme, impassible, ne montrant aucune gène, puis la Dame prit la parole.
Ses mots semblaient lents, lointains. Les yeux de l'ombre se brouillèrent, puis ce fut le noir.

Ensemble

Ce mot résonnait dans sa tête comme les carillons insoutenables des vieilles églises.
S'efforçant à tenir debout il respira lentement, lâchant ses armes, et peu à peu il reprit ses esprits.

Il est temps - se dit-il.

Abaissant son capuchon, il s'approcha de l'assemblée sans un mot et pris place sur un vieux fauteuil usé par le temps et l'alcool. Il écrasa sa cigarette tout en recrachant une dernière volute de fumée qui allât se perdre en dansant jusque dans l'air chaud et fruité et la taverne.

Son regard passa sur chaque personne présente, les scrutant avec minutie sans jamais s'attarder trop longtemps.
Il se servi un verre d'une bouteille sombre à l'odeur marbrée et le passa délicatement sous son nez, se laissant envahir par l'odeur comme l'on sentirait une fleur délicate et le porta a ses lèvres.
Le temps était comme arrêter par ce plaisir éphémère, lui rappelant ses soirées passées dans la salon Shield à vider le bar jusqu'à épuisement des bouteilles ou de son corps meurtri.

Il marqua une pause, et après une longue gorgée, fit tourner son doigt sur les bord fin du verre.
Vode releva doucement la tête, et en fixant la bouteille lâcha un Bonsoir étouffé par la fatigue.


________________
Listening : Departure - Guilty Crown OST.

La jeune femme quitta les yeux des flammes, elle sourit à la princesse et fixa longuement le dernier arrivé. Comme si sa simple présence, lui ramenaient tant de choses en mémoire. Elle salua son ami d’un signe de tête. La taverne avait beau être pleine, emplie de bruits, d’odeurs, de vibrations et de lumière elle se sentait comme dans un cocon, comme si le temps et l’espace étaient eux même atrophiés. Leur ancien compère Schlack’ était entré dans les tréfonds de l’ivresse, et s’était écroulé sur le bar en dormant. Non au fond ils n’étaient que tous les trois, les habitués, les nocturnes. Il en manquait un, mais ça c’est une autre histoire. Elle songea un moment aux paroles délicates de la jeune femme à ses côtés qui, comme toujours, avait les mots justes.
Tout cela est vrai, nous n’étions pas seuls à cette époque. Un temps si complexe, car rien n’était définit. Ou tout du moins en mon cas tout était trop flou, et trop violent. Enfin bref, pensa-t-elle.
Elle se leva, prit son verre et celui de la lady qu’elle remplit du même breuvage, elle passa derrière Vode posant sa main sur son épaule et murmurant un

- « bienvenu chez toi mon cher »,

puis repris le chemin vers son siège en tendant son verre à Thelys. C’était singulier comme soirée, à la fois il y avait une impression de vécut et en même temps de nouveauté. Mais qu’était-ce ? Surement le fait de ne pas s’être vu sur une très longue période, d’avoir changé de route, ou quelque chose qu’elle ignorait encore. Ils étaient ensemble et en même temps dans leur propre monde comme si il leur fallait du temps pour ramener leurs guêtres ici, se reconnaitre. La petite Raja avait grandie avec eux autour d’elle. Oui des amis, des Anges, et une famille. Ces deux être qu’elle sentait proches, elle les connaissait, elle avait trouvée avec eux la douceur, mais parfois la peur. Elle était ainsi, angoissée pour les autres, les siens, bien qu’il n’y ait pas de sentiment de possession, il y avait un profond attachement. Elle sentait le blues de ces chansons un peu tristes, un peu « gloomy ». Ces paroles qui liaient la beauté de la mélancolie et en même temps un « je-ne-sais-quoi ».
Songeant à sa vie de mortelle, dans une ville de France, elle se souvint de la philosophie et des rapports humains « conventionnels » dirons-nous. De ça au fond elle ne regrettait rien, ici c’était plus franc, il y avait un problème on en parlait on se tapait dessus et c’était réglé. Même si on se frappait rarement. Le monde mortel était plus fourbe, ou peut-être était-ce les rencontres qu’elle y avait faits qui était mauvaise. Songeant à son ancienne vie cela lui vola un long soupir. Il y en avait eu des visages, des corps, des lumières jaunes et douces, le vent sur les plages de Bretagne, des aimés, des amants, des saveurs, des joutes. Mais pas d’honneur. Une pensée lui vola un frisson, l’idée restant sur son dernier combat humain.

Elle laissa ses amis, pour l’air froid. Elle suffoquait, ses sentiments étaient vivants et ils se battaient en elle. Elle s’appuya contre le mur de l’auberge, fumant cigarette sur cigarette, attendant. Attendant quoi ? ça elle l’ignorait. La neige retombait, le paysage escarpé redevenait d’un blanc accentué par la lune.

- Repartir ? encore ? non, ne pas fuir, arrêter les conneries. Non là je suis bien. mais pourrai-je continuer ? ne pas être dans un rôle. Etre soi avec tout ce que ça incombe, oui aussi difficile que cela peut paraitre.

Un cri était bloqué dans sa gorge et il ne pouvait sortir. Elle tenta de se calmer. Elle s’assit à même la neige, la tête dans les mains. Soudain une voix, la seule, elle leva la tête mais ne vit rien ni personne. Juste des pas au sol. Elle se mit à leur poursuite, aux aguets mais le manteau blanc ne présenta plus rien au bout d’une trentaine de pas. elle senti une larme sur son visage, l’impression de chaleur, les yeux fermés elle tâcha de garder le plus longtemps cette douce sensation. Puis le retour du froid. Elle cria dans l’infini un prénom mais aucune réponse.
Elle revint à la taverne, pleine de neige. La princesse avait pris sa place, elle attrapa alors un tabouret, regarda fixement ses deux amis, et dit.

- Désolée, merci de m’avoir attendue.


-------------------------------------
à l'ecoute :

Rodrigo y Gabriela - Ok Japan

Raja resta un moment silencieuse. Elle alla se servir un verre d’alcool fort et se réchauffa l’échine près de la cheminée, une autre cigarette alors qu’elle picorait deux ou trois amuse-bouche. Elle fit danser l’alcool dans son verre et laissa un sourire sur ses lèvres.

Des démons elle en avait connu de tous poils, de toutes barbes. Elle releva sa manche droite et entre quelques cicatrices elle fixa le rond noir tatoué à l’intérieur du bras. Les cicatrices étaient des anciennes marques de ses combats, là, une fracture, à coté une coupure, les traces marron des cris d’un enfant muet.

Mes démons c’était eux, je me suis battue, la boxe avait été un bon défouloir, mais avec les années j’ai perdu en niveau, en rage, alors je suis devenue mauvaise, dit-elle avec cynisme. Chacun son truc. Il m’a fallu trouver un autre garde-fou, il y en a eu, peu nombreux mais ils étaient bon à ce jeu. J’ai cessé de protéger mes démons et de les caresser. Pourtant un jour je suis revenue à la charge cette fois avec une violence incomparable.

son poing se referma avec ardeur, elle ferma les yeux,

Il me fallait sortir de ça, de ce monde dans lequel je vivais. Les boucles brunes cachaient les yeux embrumés de fatigue et d’usure. La musique oui toujours là, elle est vitale.

Elle tira une longue bouffée sur sa cigarette. la voix se fit plus sombre, plus absente.

Je pense aux aimés perdus, je me centre sur les souvenirs, je sors boire un verre avec des amis, et je travail. Je décortique l’histoire humaine pour savoir jusqu’où on peut être pourrit, je vous rassure ça va loin... Il m’est arrivé de vouloir combattre le mal à sa source, mais cela n’a pas de sens, il me faudrait du temps et rassembler une haine que je n’ai pas. alors le plus souvent j’oublie. Je me force à omettre tout, même moi. Je me focalise un instant pour ne plus me souvenir de ces terreurs sous mon lit, alors je dérive et je me concentre sur les quelques bonnes choses qu’il me reste. Et si ça pèse trop je dis « Merde », je balance mes griefs et je me casse. Ce n’est pas magique. Mais parfois ça marche. J’ai fait le tri dans mes fréquentations aussi, ça aide beaucoup, pour finalement revenir ici à mes premiers amours.

elle resta un moment silencieuse, songeant à ce qui s'était passé dehors quelques instants plus tôt.

oui penser aux êtres chers que l'on a perdu, et que toujours une partie de nous espère retrouver. retrouver l'espace d'un instant la chaleur humaine dans moment que l'on a aimé et qui n'appartient qu'à nous. c'est comme ça que je les combats en leur montrant qu'ils se trompaient que je savais aimer et apprendre.