"Seule".
Un mot qui la définissait bien.. Ce fut la brève pensée de la Bête alors qu'elle arrachait à mains nues la colonne vertébrale du derniers mutant. Le sang acheva d'éclabousser son visage ainsi que de donner au sol sa couleur pourpre devenue si naturelle au fil du temps.. Ce terrain de chasse ne lui convenait plus, il fallait trouver du gibier de meilleure qualité.
Cri de fureur.
Sakki avait quitté sa Sibérie natale depuis plusieurs dizaines d'années déjà. Elle put visiter l'Asie dans sa quasi-totalité, en particulier le Japon, qui lui donna un nom durant son séjour là-bas: les gens traduisaient cela par "Soif de Sang", en référence à ses odieux carnages durant la 3eme Guerre qui ne laissaient personne indifférent.
Sakki avait un tempérament quelque peu déroutant, allant d'un extrême à l'autre. Si elle se montrait hostile, cela tournait généralement au massacre. Gentille, il y avait de grandes chances que cela finisse torridement (puis éventuellement au massacre si elle n'était pas satisfaite). Désintéressée, elle n'accordait même pas un regard. Généralement, Sakki oscillait entre l'hostilité et le désintéressement.
La violence était son arme favorite.
Son joli corps ne laissait pas soupçonner qu'il dissimulait une force phénoménale, quoi qu'il fut souvent couvert d'un sang qui n'était pas le sien.. Ses yeux bleu pâle semblaient luire constamment, animés par une douce folie; cette même folie qui lui a fait oublier l'ensemble de son passé barbare, triste et enneigé, jusqu'à son véritable nom. Dans ses rêves, lorsqu'elle se permettait du repos, Sakki revoyait parfois la neige pure gorgée de sang, mais ces images disparaissaient dès le réveil. Elle ne conservait aucun souvenir de ces rêves fugaces, seuls vestiges de son existence de cauchemard.
Toujours sur le qui-vive, un odorat développé qu'elle utilisait en tout circonstance, une méfiance constante et une agressivité facilement provoquée.. Sakki était finalement plus proche de l'animal que de l'humain.
Elle enjamba le corps encore chaud du mutant parcouru de quelques spasmes, ultimes pas avant de sombrer dans les ténèbres. La Bête en acheva un autre qui gisait à côté (feignant d'être mort pour s'enfuir plus tard) en lui déchirant la peau du visage avant de briser son cou sans prêter la moindre attention à ses glapissements de douleur. Le défunt groupe de mutants avait maintenant l'air d'un écoeurant champs de cadavres d'où s'échappait une puanteur morbide qui retournerait de dégoût l'estomac du commun des mortels.
La foudre fendit un arbre en deux à quelques mètres de Sakki, une forte pluie suivant juste après. La bestiale vampire entama alors une longue marche sous l'onde glacée et les nuages aussi noirs que son coeur. Les heures passèrent, aussi nombreuses que les ennemis tapis discrètement et rapidement réduits au silence éternel. Ce fut dans un triste état que Sakki parvint par hasard aux portes de l'Arche du château des Bloody Defenders, et que Thelys la fit entrer avec une tendresse que ne connaissait pas la Bête..