Muad, chronique de la petite mort

Il n’y a pas si longtemps de cela, j’étais encore humain.

Il n’y a pas si longtemps de cela, j’avais une femme et deux enfants

Nous survivions sous la férule d’une de ces créatures dévoyées que l’on appelle vampire. Il n’était pas spécialement sanguinaire et l’existence passait sans violence. Mais elle passait sans joie. Bâtir, entretenir, nourrir, parfois, pour le compte de cette créature.

Et puis dormir, pour oublier.

Et recommencer, inlassablement…

Mais un jour, le quartier fût siégé. Jamais je n’avais vu un tel déchaînement de violence. Dans la confusion, je tombais et mon crâne vint heurter un trottoir. Je sombrais dans un puit sans fonds, laissé pour mort, baignant dans mon sang.

A mon réveil, fort heureusement en plein jour, je constatais le massacre, la folie de cette nuit.

Je m’affalais auprès des corps exsangues de ce qui fût ma famille.

A bout de larmes, a bout de haine, la nuit approchant, je fuyais droit devant moi. Je ne m’arrêtais qu’à la levée du jour. Je sombrais dans un sommeil agité.

Désormais, j’errais dans ce monde, sans but. Je vivais, ou plutôt survivais dans le no man’s land, le désert profond; Je me nourrissais d’insectes, de serpents, de lézards. Je fouillais les ruines sans objectif particulier, seulement pour m’occuper l’esprit. Je vivais la nuit, pour esquiver le cancer de ce monde dévasté et dormais le jour, sachant que je serais tranquille.

Je m’arrêtais un soir dans un lieu insolite. Le plus étonnant était le bourdonnement et la vibration de l’air qui l’accompagnait. Le lieu consistait en un alignement de blocs de bétons, parallèles et s’étendant sur une centaine de mètres. A l’extrémité, une parabole immense et rouillée semblait scruter les cieux.

Je restais quelques temps dans ce lieu insolite, dormant le jour dissimulé parmi des gravats. La nuit, j’essayais de percer le mystère du site, sans succès.

Un jour où le soleil brillait d’un particulier éclat, au point de tout écraser sous l’assaut de sa chaleur morbide, j’entendais un râle, dans mon demi sommeil. Je sortais de ma cache, un instant aveuglé par cet astre implacable.

Je distinguais un corps qui se traînait au sol. Je m’approchais et vis un de ces monstres agonisants. Il semblait se dissoudre à la lumière du jour. Ses chairs étaient cloquées et une effroyable odeur de viande grillée s’échappait de son corps meurtri. Malgré le dégoût et la haine que j’éprouvais pour cette « tumeur », je tentais de la tirer à l’ombre.

Il tourna son visage rongé vers le mien. Deux globes blancs roulaient dans les orbites creuses. Un son que je parvins difficilement à distinguer sortit entre deux bulles de sang :

« Laisse moi, pitoyable mortel, je dois finir ainsi… »

Je tirais de plus belle vers l’ombre des monolithes. Une main où pendait des chairs calcinées m’attrapa à la nuque. Je ne pouvais lutter contre l’incroyable force qui tirait mon visage vers le sien.

Sa bouche s’ouvrit alors et se referma sur ma jugulaire. Il n’aspira pas et ne fit que me percer le cou de 2 minuscules trous. Sa langue, qui me parut démesurée lécha ma blessure. Il me força alors à poser mon front contre le sien, dans une dernière étreinte macabre.

Dans un dernier râle, il murmura cette malédiction déjà presque posthume :

« Pour avoir voulu me sauver, je te maudis à jamais, pire que cela, je te transmets ma vie, ou plutôt, ma non-vie… » S’il n’était pas mort sur ces paroles, je suis persuadé qu’il aurait ri…

Je fus alors pris de nausées, de tremblements. Un déferlement d’images incompréhensibles assaillit mon esprit et je sombrais une fois encore dans l’inconscience.

Je me réveillais en pleine nuit, tiraillé par une faim, ou plutôt par une soif, que je n’avais jamais connu. J’avais l’impression d’avoir avalé du sable, mes tripes me brûlaient Il n’y avait plus trace de la créature, hormis ses vêtements.

J’avais malgré mon malaise une impression de puissance que je n’avais jamais ressenti. Mes sens étaient aiguisés, vue, ouie, odorat, tous étaient décuplés. Je bondissais sur une gerboise, lui arrachait la gorge à pleines dents et me gorgeait de son sang, encore chaud, tandis que son corps disloqué était agité de ses derniers sursauts. J’étais désormais une des cellules du cancer qui ravageait la terre…

Je survivais ainsi quelques nuits encore, me nourrissant de la faune environnante, sang de lézard, de coyote, de vautour, et même de ces énormes scorpions dont la terre grouillait depuis le cataclysme.

Chacun de mes sommeils diurnes était hanté de cauchemars : meurtres entre vampires, sièges, pillages, embuscades, trahisons… Je revivais chacun des instants de la bête qui m’avait maudit !

Non content de m’avoir tué à vie, il m’avait transmis ses souvenirs. Il s’appelait Histrion et avait connu les sommets, les guerres qui agitaient les clans de ces créatures dévoyées, leur folie, leur ambition. Mais il restait en lui une part d’humanité et il n’avait plus supporté cette existence, sa vanité, sa futilité. Il avait décidé d’en finir et pour le pire, peut être le meilleur, il avait fallu que je croise sa route.

Au milieu du fumier de ces pensées odieuses, il émergeait parfois une fleur. Celle-ci portait un nom, Defenders. Ce nom revenait régulièrement, ainsi qu’un autre, Lathandre. Il semblait qu’Histrion eut éprouvé quelque amitié pour cette… personne ? Ce nom ne semblait pas entaché de douleur et de mort.

Je devais partir à sa rencontre et voir si j’avais un avenir.

En chemin, je m’arrêtais au bord d’un lac et pour la première fois depuis longtemps, je pus voir mon image dans ces eaux sombres où se reflétait la lune. Je ne reconnus pas ce que je vis : un grand corps sec, presque squelettique, les traits marqués, burinés par le soleil, la peau mate, les cheveux longs et sombres, sales au poings de ressembler à des dread locks. Des yeus infiniment noirs perdus sous 2 arcades proéminentes, le visage émacié, pas franchement laid mais incroyablement triste, incroyablement vieilli.

Il était grand temps de trouver un refuge et peut être le repos. J’arrivais devant ces murs où une bannière flottait : Bloody defenders…

Vous connaissez la suite !

Merde, pensait pas que ce serait aussi long. Si d'aventure quelqu'un a le courage d'aller au bout, merci pour sa patience, sinon, merci d'avoir essayé...

Je suis pas patient et j'ai pas essayé, tu me diS merci pour autre chose s'il te plait?

Lycanth

Je te dis merci de bien vouloir mettre un s à "tu me dis"

De rien, de rien ça m'a couté, tu te doutes mais bon c'est bien parce que c'est toi^^

lycanth

un grand moment de lecture .... merci muad

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