- Voici votre nouveau domaine, Mademoiselle. J'espère que vous vous y plairez, il a été spécialement réservé à votre intention.
- Sans nul doute qu'il me conviendra, je m'y sens déjà comme un poisson dans l'eau, répondit joyeusement Thelys.
Après le départ du serviteur, elle se promena, découvrit chacune des trois pièces. Caressant de la main un mur, elle s'arrêta dans le petit hall et son regard se mit à vagabonder. Son visage devint rêveur, sa main plus lâche.
"Je ferai de cet endroit mon refuge et mon évasion."
Son imagination se déployait et bientôt, le pinceau de son esprit commença à esquisser un tableau.
Un hall de forme arrondie, séparé du salon à gauche et de la chambre à droite par deux petites arches. Au fond de la pièce, une grande croisée s'ouvre sur un balcon étroit, juste en face d'une branche d'arbre semblable à un pont vers la lune, les soirs où les étoiles ont le loisir d'illuminer à leur guise le domaine Shield. Le regard est immédiatement attiré et ébloui par la luminosité...de la lune bien sûr. En journée, de grands rideaux sont tirés sur la fenêtre et ne laissent passer aucun rayon solaire.
En entrant...un porte-manteau, ou plutôt porte-cape, qui accueille les vêtements d'extérieur des visiteurs. Oui, comme un arbre qui se serait développé dans le but de garder précieusement les différentes capes, les branches douces et presque veloutées au toucher, la couleur brune du bois se fondant merveilleusement bien dans le décor. L'occupante ayant une certaine affection pour les bougies, un vieux chandelier trône au mur.
Les rideaux, malgré leur ampleur, ne parviennent pas à cacher la console à droite de la fenêtre. Le meuble suit la courbure du mur et est posé dessus un vase, contenant deux trois roses.
Plus loin, une estampe japonaise. La fameuse esquisse de bambou...ornant le mur à côté de l'arche de la chambre.
En parlant de la chambre...sans conteste une chambre de femme. Pourtant, il subsiste une impression indéfinissable d'angoisse, qui saisit le visiteur peu habitué au regard de Thelys.
En face de l'arche, le lit. Non un de ces cercueils même modernes mais un vrai lit, vaste, à la douceur dominante. Une couverture polaire en plus d'oreillers à l'aspect moelleux, le tout d'une belle couleur argent reposant l'oeil. Au bout du lit, se trouve un joli coffre. Si on l'ouvre...un grand écrin dans lequel repose deux lames à l'éclat glacé.
Mais ce n'est pas tout. Le regard distingue sur le côté droit la forme d'un bureau et d'une chaise, sérieux mais égayés par les couleurs chatoyantes de différents tissus. Des bouts de soie, satin, rubans, jonchent la surface du bureau et il y a toujours un vêtement jeté sur le dossier de la chaise. Un corset par exemple, sa tenue de prédilection. Une petite et discrète penderie près du bureau.
Et sous la fenêtre...ah fenêtre qui laisse entrer les rayons de l'astre nocturne. Une jolie banquette rehausse la vitre. Une robe tachée de sang recouvre à peine une petite arme à feu, objet quelque peu insolite.
Le salon, à l'opposé de la chambre, a aussi son importance. Il témoigne d'un douceur de vivre, d'une volonté tendue vers le futur, imperceptible mouvement d'épanouissement qui ne cesse jamais. Une table basse entourée de fauteuils et d'un canapé offre un repos accueillant au visiteur dont l'oeil acéré peut aisément reconnaître la forme de bouteilles masquées par les rebords noyer foncé. Un loup de velours noir traîne sur cette même table.
Une armoire d'angle remplie de fournitures diverses et variées, des monceaux de livres entamés mais non achevés un peu partout dans la pièce. Un autre meuble, mélangeant table et bureau, se situe proche du mur du fond. On y trouve quelques partitions de harpe et de chant. Une page à moitié noircie de notes et de paroles est glissée sous une boîte gravée d'un T stylisé. Innocence démentie par des flacons abritant les liquides ambrés usuellement utilisés pour enduire les lames d'une couche empoisonnée.
Enfin, la lumière éclaire doucement la harpe à travers deux fenêtres et met en relief les sculptures du bois, visiblement coûteux. Les cordes vibrent mais elles sont usées à certains endroits, présageant de l'ancienneté de l'instrument.
Les doigts fins pincent les cordes pour faire naître des notes puis une mélodie...
Thelys ouvrit les yeux. Elle regarda autour d'elle puis passa la main sur son front.
"Cela prendra du temps mais j'aurai la patience qu'il faut."
![The Bloody Defenders [Shield]](https://i.servimg.com/u/f28/11/70/07/05/logo-t10.png){kind=logo}
Mer 13 Fév 2008, 9:53 pm