Journal d'une enfant vampire

Vous tenez là un gros livre dont la couverture est couverte de velours rouge. Sur le devant, on peut y voir un blason dont le meuble principal est un cygne d'argent. Il est tentant de l'ouvrir, mais un petit cadenas vous en interdit l'accès. Votre curiosité est plus forte que tout, vous crochetez ce mini cadenas qui est plus un avertissement qu'un véritable moyen de persuasion. Vous le parcourez rapidement : l'écriture est soignée mais très variable. Dans les premiers temps, plumes et déliés sont la règles. Sur la fin, il ne s'agit plus que d'un stylo à bille et d'une écriture penchée qui a malgré tout gardé des caractéristiques des temps passés. Vous vous décidez à le lire ? Voici ce que vous allez y trouver...

1ère page...

Ythylolyn
Petite marquise de sang
Journal

2ème page

Lundi 28 mars 1708
Voilà maintenant un siècle exactement que je suis devenue ce monstre assoiffé de sang. Je m'apercois que le temps passe s'y vite, déjà je commence à oublier... Il faut que je prenne note de tout pour ne rien perdre. Et surtout pour pouvoir comprendre ce qu'on a fait de moi.
Le 28 mars 1608, je fêtais mon 6è anniversaire. En ce temps, j'étais une humaine, une petite bourgeoise de Paris sans intérêt. Mais ce soir là, tout a basculé.
Kalynkah était une dame de la haute bourgeoisie que mes parents avaient invité dans l'espoir de signer une traite avec elle. Elle avait beaucoup de fonds, mon père en cherchait pour son commerce avec l'orient. Un repas très ennuyeux donc pour une petite fille, rempli de chiffres et de bateaux. Mais j'avais appris à me tenir, n'en faisant rien voir.
Je pense que Kalynkah n'avait pas eu le temps de boire avant de venir. Le repas était prévu tôt dans la soirée, le soleil était à peine descendant, et ce n'était pas une heure propice pour la chasse. Toujours est-il qu'elle avait soif... En coupant la viande, notre servante se coupa le pouce. Rien de bien grave, mais le sang coula. Une goutte tomba, Kalynkah se figea. Et puis se fut la frénésie, celle qu'on éprouve quand la bête l'emporte sur l'humanité. En dix minutes, elle avait vidé de son sang la suivante, mon père et ma mère. Il ne restait que moi... Moi recroquevillée dans un coin, essayant de me faire oublier. Juste assez longtemps pour que la soif s'éteigne, et que Kalynkah redevienne la respectable Madame Toussaint.
Il faut dire, je l'appris à mes dépends par la suite, que Kalynkah n'était pas une vampire très saine d'esprit. Elle vivait dans la société, passant pour une riche veuve sans enfant, paraissant comme une grande dame. Elle était très à cheval sur les principes, la politesse, et une dame, fut-elle vampire, se devait d'être -selon elle- toujours belle et irréprochable. Mais c'est cette même personne qui se laissait aller si facilement aux meurtres. Quand la bête l'appelait, elle répondait toujours présente, immédiatement et sans préavis. Mme Toussaint et Kalynkah semblaient deux personnalités différentes.
Or donc quand elle s'approcha de moi, elle était redevenue Mme Toussaint. Et Mme Toussaint pensait qu'avoir une petite fille la poserait mieux dans la société. Surtout que la dite petite fille était loin d'être laide. Laissant tout en l'état, sauf les trous dans le cou qu'elle referma, elle m'emmena chez elle pour m'enfermer. Je ne sais pas ce qu'elle fit le reste de la nuit. Mais j'appris par la suite qu'un assassin avait massacré ma famille, et volé tous les objets de valeur. La petite avait disparu, et on soupconné l'homme de l'avoir emmenée pour en faire son associé, ou une prostituée. On ne sait jamais avec ces gens là... Personne ne soupconna jamais l'invitée.
Dans la journée, une suivante vint me voir. Elle me nourrit, me lava et m'enfila une de mes robes de réception préférée. Elle avait du emporter ma garde robe avec l'argenterie... Puis elle me fit couper les cheveux bien comme il faut. Elle préparait l'enfant de porcelaine que j'allais devenir.
La nuit qui vint fut terrible.
Devenir une enfant de la nuit n'est pas quelque chose de facile, le corps se transforme, et je le ressentais dans chaque partie de moi. Quand enfin je me relevais, j'étais faible, et surtout affamée. Mais elle n'y remédia pas. Insensible à mon état, elle prit le temps de m'expliquer les nouvelles règles de ma vie vampirique. J'emmagasinais tout sans vraiment comprendre. Puis, juste avant de me coucher, elle me donna un verre de sang. Et m'enferma...
la vie qui en suivit fut terrible. Je n'avais pas la force de lui résister, ni celle de chasser par moi même. Je ne buvais que ce qu'elle daignait me rapporter. Parfois, elle m'emmenait avec elle pour me montrer ce qu'était qu'un prédateur telle que nous, enfin, qu'elle... Du corps presque exsangue, je tirais de quoi survivre. Il en découla que j'étais toujours affamée, et que mes pouvoirs vampiriques ne se développèrent que très peu. Parfois, à cause de mon état, j'entrais moi même en frénésie. Mais même alors, ma force était telle que je ne faisais pas de mal à une mouche. Ca la faisait rire. Et j'en resortais encore plus faible.
10 ans ont passé ainsi. J'ai fini par ne plus être une petite fille. Du moins en esprit... Je comprenais qu'elle faisait de moi son esclave. Tout ce qu'elle voulait, c'était une enfant qui complèterait pour l'éternité son rôle de veuve. Et moi, je ne pouvais pas fuir, je n'osais pas fuir... J'étais trop faible pour survivre sans elle. Du moins je le croyais... Car voyez vous, j'avais 16 ans, mais je n'avais pas grandi d'un seule centimètre. J'étais éternellement coincée dans ce corps de gamine.
Je haissais ce corps inutile pour autre chose que sa beauté. J'étais aussi fragile que belle, la copie parfaite et vivante d'une poupée de porcelaine. Et de ce fait, je haissais celle qui avait fait de moi ce monstre de la nature, un prédateur incapable de se nourrir seul, une vie misérable pour l'éternité. Ce corps était la marque de cette esclavage.
Il fallut encore 10 ans pour que la frustration devienne plus forte que la peur. Une nuit, je m'enfuis. J'errais dans Paris, sans but, quand j'eu l'illumination. Un homme, sortant de l'opéra, m'apercut. Il s'approcha de moi, me demanda si j'étais perdue, et me prit dans ses bras pour me consoler. Geste fatal au coeur d'un parc vide... J'eus assez de force pour m'agripper à son cou et le vider de son sang malgré ses cris. Pour la première fois, je me sentais vivre. Je pris l'argent et rentrais.
Pendant 10 ans encore, je jouais ce petit jeu. Avec l'argent récolté, je me constituais peu à peu une autre vie. Rapidement je me procurais une arme à feu. Elle était lourde et peu maniable à l'époque. Mais j'étais de toute facon incapable de me servir d'une épée, il fallait que je tue vite et de loin... Nuit après nuit je me suis entrainée, nuit après nuit j'ai bu le sang des gens charitables sans aucune morale autre que celle de la vengeance. Et peu à peu, mes pouvoirs vampiriques se sont développés. Ma force resta faible, mais mes dons psychiques étaient supérieurs à la moyenne, cela compensait un peu.
Le 28 mars 1638 fut la dernière nuit de Kalynkah. Quand elle entra dans ma chambre, elle se prit une salve dans la tête. J'avais préparé plusieurs armes, chargées de l'unique balle qu'elles pouvaient tirer en ce temps, et je tirais de derrière la commode renversée. Le temps que passe la surprise et qu'elle m'attaque, elle était déjà criblée. Alors, ayant bien retenue ses lecons, je la pris et l'attachais dans la cour. Ses cris de douleur au petit matin, quand notre ennemi solaire vint progressivement toucher son corps, étaient pour moi le paradis. Quand il ne resta d'elle qu'un tas de cendres, je partis.
J'aime les 28 mars désormais, car celui ci a racheté le premier. Les choses importantes doivent se faire les 28 de ce mois...

Apparemment, ce manuscrit raconte chaque jour de la vie d'Ythylolyn depuis le 28 mars 1708. Vous en passez rapidement les première pages, jusqu'à arriver au 9 mars 2008. Là, le mot "shield" attire votre regard.

dimanche 9 mars 2008
Voilà quelques temps que j'entends parler des Bloody defenders. Ce clan semble avoir sa base plus à l'ouest de la notre.
Pour ce que j'en sais, les shields sont plus puissants que nous, mais aussi plus solidaires. La réputation qu'ils ont dans ce monde relève presque de la légende. Il faudrait y aller voir pour chercher le vrai et le faux de l'histoire...
Ici, c'est par trop l'anarchie, la marraine de notre académie ne sait que crier et hurler. Un peu plus, elle me ferait penser à Kalynkah. Je ne peux pas rester plus longtemps, je vais m'énerver...
Demain, j'irais voir les bloody defenders.

lundi 10 mars 2008 :
aujourd'hui j'ai rencontré un homme étrange...
Tout d'abord, revenons au début. Je suis allée visiter la cité des shields. On m'a bien accueillie. Mais comme je cherchais un tailleur dans les rues étroites, un homme m'a renversée. Et non content de son acte, il a encore trouvé le moyen de se moquer de moi, de mon apparence... de ma TAILLE !!! Mais pour qui se prend-il ? Que connait-il de la souffrance qu'on gagne en possédant ce corps ? On a signé une trêve, le temps pour moi de rencontrer le saigneur des shields. Mais ce n'est que partie remise, un jour, je l'aurai.
J'ai trouvé un logement dans la ville et un tailleur pour faire une copie de ma robe. Demain, je me rendrai chez Lathandre.

Mardi 11 mars 2008 :
rendez vous compte... Le saigneur des Shields n'était autre que ce malotru qui m'a bousculée hier. Je suis furieuse de ce tour qu'il m'a joué.
Ce matin, je me suis présentée à la demeure de Lathandre, on m'a fait entrer, puis je suis allée dans un salon, il était là. Surprise, je lui demande ce qu'il fait en ces lieux, il me répond qu'il est chez lui... Comme si de rien ! Pendant tout ce temps, il me regardait, il s'amusait de mes besoins vestimentaires... Il se riait de moi ! J'en rage !
Selon lui, c'était une épreuve que j'ai passé brillamment. Et du coup, grâce à cette humiliation, j'ai le droit de rester sur place et d'entrer dans son clan. Je lui aurais bien jeter à la face, son invitation à rester. Mais si je veux un jour me venger de lui, c'est ici que cela se fera. J'ai appris cela de Kalynkah... La patience !

Mercredi 14 mai :
Il semble que la chance me sourit aujourd'hui. En errant autour de la cité, j'ai retrouvé mes amis les trolls. D'ailleurs, eux aussi m'ont reconnue. Pas difficile en soit...
Le combat a été difficile à une contre deux. C'est plus rapide que ca en a l'air, ces bestioles. Heureusement, le père a perdu un instant l'équilibre, juste assez longtemps pour que je puisse lui planter une balle dans la tête en passant par l'oeil. La surprise et la douleur ont marqué un arrêt chez sa compagne, c'est tout ce qu'il me fallait pour qu'elle le rejoigne. Mais ce fut juste...
Cependant, c'est là que se situe ma chance, ils avaient sur eux, surement volée à une victime, une bonne matraque démoniaque. C'est, avec la cagoule tigre, ma seule belle trouvaille depuis mon arrivée chez les shields.
Sinon, autre jeu sympathique de ce jour, j'ai emprunté une bonne AK. C'est très sympathique cette arme. J'ai été faire un tour du côté de mon ancien clan, et aussi chez nos ennemis. J'ai jamais aussi bien pulvérisé les puissants. Je regrette de devoir la rendre...
Mais demain est une autre nuit, peut être que je trouverai une bonne AK moi même. Pour cela, je vais bientôt déménager en z4. Dès que j'aurai assez de sous pour construire une nouvelle demeure...

Jeudi 15 mai :
j'ai envoyé une missive à Leah pour lui proposer la matraque. Elle n'en veut pas mais sa réponse est pour le moins étrange... De quoi se mèle-t-elle ? Mais en même temps, ce qu'elle me dit sonne en moi comme la bouée qu'apercoit le naufragé. Je vais accepter son invitation à passer la nuit chez elle...

glissées entre les pages, vous trouvez les lettres de leah et les brouillons de la marquise.

Citation :

bonjour jeune marquise

cette arme pourrait en effet m'intéresser mais uniquement sur du (très) long terme. A l'heure actuelle je pense qu'elle ne me rendrait plus efficace que contre quelques rares adversaires bien précis. Je ne souhaite donc pas faire de dépense dans une telle arme pour le moment mais je vous remercie d'avoir pensé à moi.

ah.
et marquise...
vous ne pouvez pas grandir car votre vie s'est arrétée il y a longtemps et vous garderez à jamais l'apparence de la pureté et de la fraicheur. vous devriez remercier votre sire plutôt que de vous apitoyer. Et, bien que je conçoive qu'un corps agé d'une dizaine d'années supplémentaires ne vous aurez pas déplu dites vous que le votre ne vous prive de rien et vous est au contraire un grand atout.

bonne chasse marquise.

Citation :

Dame,

je ne connais point les choses que je n'ai jamais eu. Surement, vous les savez
mieux que moi...
Je regrette cependant, malgré la fraicheur et les atouts de celui ci, le corps
d'une femme. Aucun homme jamais ne verra autre chose en moi que l'enfant qui les
apitoie le soir dans une ruelle sombre. Je suis à un âge où l'on désire plus
qu'un père ou une mère...
Je dois, de toute facon, tenir une chose pour sûre. Ma force sera toujours
moindre, et jamais je ne saurai me battre autrement qu'avec une arme à
distance. C'est là l'ennui de ma petite taille et de mes petits bras... certes
plus agiles.
Voyez, je connais les avantages et les défauts. L'on regrette toujours ce que
l'on ne peut qu'imaginer. Et si vous vous souvenez de vous enfant, comme tous
les enfants vous rêviez de grandir, d'être comme maman. C'est un rêve
éternel pour moi.

Je vous salue bien,
Ythylolyn

Citation :

c'est bien mal connaitre les humains et donc les hommes et les enfants que de
penser cela. vous voulez autre chose qu'un père ? prenez le.

de plus l'héritage vampirique est telle qu'il est bien aisée de combler votre
manque de force initiale.

je le répète votre corps ne vous prive en rien sauf dans votre envie d'avoir
les formes d'une femme.
et si les enfants veulent grandir c'est parce qu'ils ne connaissent rien de la vie,
sont subordonnée à leur parent et ont l'esprit d'un enfant.
vous, vous ne l'êtes plus alors grandissez donc puisque c'est votre souhait.

certains sont laid d'autres sont petit ou bossus.
vous vous êtes une enfant.
cela fait parti des aléas de la vie.
acceptez-le et devenez adulte ou restez une enfant.

vous vivrez votre éternité comme il vous plaira.

... il vous semble qu'il manque la réponse d'Ythylolyn ...

Citation :

au lieu de pleurer rendez vous à ma demeure et nous irons chercher quelqu'un
pour apaiser les pulsions de chairs qui vous tourmentent depuis si longtemps.

ou si vous n'avez pas peur de l'attention des femmes, je vous éduquerai moi
même afin que vous soyez prête à recevoir dignement les assauts des hommes.

Citation :

dame,

laissez moi pleurer sur la jalousie que je ne pourrai jamais tuer. Et jamais je
ne pourrai pardonner aux hommes qui me traitent comme une enfant. Les humains en
meurent. Pour les autres...

Cependant, votre invitation est tentante. Je l'accepterai donc, malgré son
étrangeté. Dites moi où se trouve exactement votre demeure et je viendrai ce soir.